La Pyramide de Maslow


Aujourd’hui, je vais vous parler de la pyramide des besoins de Maslow.
J’ai longtemps hésité à la présenter, parce que je ne voyais pas ce que je pouvais apporter de neuf, mais j’ai finalement réussi à trouver un angle d’attaque nouveau.

La pyramide de Maslow est ce qu’on appelle un « modèle motivationnel » théorique, c’est à dire qu’elle essaye de décrire les niveaux de motivation personnelle.
Je pense que la pyramide est incomplète, alors je vais vous proposer la version améliorée par Viktor Frankl, je reparlerai de lui lors d’un article très bientôt.

La pyramide des besoins de Maslow

Si vous voulez plus d’informations, je vous recommande de lire la version anglaise de la page Wikipedia:
http://en.wikipedia.org/wiki/Maslow%27s_hierarchy_of_needs
Je ne vais pas chercher à paraphraser cet article, donc lisez-le pour plus de détails sur chaque niveau.

Voici la pyramide, version Frankl:

Besoins physiologiques

Tout en bas de la pyramide, on trouve les besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reproduire, se vêtir, se loger).
C’est ce que j’appelle le niveau « physique ».
Comme c’est le niveau le plus visible, beaucoup d’individus restent à ce niveau-là, c’est à dire à continuer de résoudre le besoin alors qu’il a déjà été résolu. Par exemple, je peux manger plus que nécessaire, chercher à me reproduire plus que nécessaire, gagner plus d’argent que nécessaire, montrer que j’ai la plus grande maison ou les meilleurs habits, etc…

Je peux passer toute ma vie à ce niveau, mais je peux aussi essayer d’aller vers les niveaux supérieurs.

Besoin de sécurité

Le second niveau est ce qu’on appelle « besoin de sécurité », c’est à dire sécurité du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété.
Quand j’arrive à résoudre tous mes besoins physiologiques, j’aspire à me sentir en sécurité.
Personnellement, je trouve que ce niveau est illusoire, parce que rien n’est jamais acquis, tout change tout le temps, par exemple, entre le début et la fin de cet article vous et moi avons changé de manière imperceptible.
Mais il est vrai que le changement est rarement le bienvenu, par exemple en cas de chômage: comment puis-je accepter la perte de mon emploi et continuer à avancer ?
Je vous conseille de ne pas trop vous focaliser sur ce niveau, je connais des personnes qui supportent une situation intolérable juste pour avoir un sentiment de sécurité.
Je recommande aussi d’éviter de se mettre dans une situation difficile, juste pour garder sa liberté (ce que j’ai fait une grande partie de ma vie): ça s’appelle du masochisme !

Les personnes qui veulent s’accomplir doivent accepter de ne pas être en sécurité.

Besoin d’appartenance

Le troisième niveau est ce qu’on appelle « besoin d’appartenance », ou « besoins sociaux ».
Cela englobe l’affection, l’amour, l’amitié, l’intimité, la famille, la sexualité, c’est à dire la relation sociale avec les autres.
Une fois que je me sens en sécurité, j’aspire à me sentir proche d’autres êtres vivants, et notamment je cherche à joindre une communauté qui partage mes valeurs.
Personnellement, j’avoue que je ne croyais pas que ce niveau existait réellement, mais je pense maintenant que nous sommes conçus pour vivre en société. Trouver un partenaire ou joindre un groupe nous permet d’exister socialement et nous aide à ajuster notre façon d’agir: si je ne m’adapte pas aux gens, je vais me retrouver seul.

Besoin d’estime

Le quatrième niveau est le besoin d’estime.
Cela englobe la confiance, le respect des autres et par les autres, l’estime personnelle, la réputation.
J’aspire à me sentir intégré et respecté.
Personnellement, je trouve ce niveau très important, parce qu’il signifie que je peux être accepté tel que je suis. Plus j’essaye d’acheter l’estime des autres, et moins je serai estimé.
J’avoue qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour pouvoir être moi-même en présence des autres, je passais mon temps à cacher ce que je suis et à essayer de leur plaire (et même déplaire…), c’était épuisant !

Besoin d’accomplissement personnel

Maslow dit de ce niveau: « ce qu’un homme peut être, il doit l’être ».
L’individu cherche à réaliser ses rêves, à devenir tout ce qu’il peut devenir.
Très peu d’individus atteignent ce niveau, parce qu’il est difficile de définir ses rêves, de dépasser ses propres limitations mentales, et enfin d’arrêter de se focaliser sur les niveaux inférieurs.

Ces 5 premiers niveaux sont ce que j’appelle des « niveaux d’égoïsme », centrés sur des besoins personnels.
Passons au dernier niveau, proposé par Viktor Frankl.

Besoin de transcendance

Le sixième niveau représente le besoin de se dépasser humainement en s’oubliant, en aimant de manière désintéressée.
A ce niveau-là, je ne me préoccupe pas de faire des choses pour moi mais pour quelque chose de plus grand que moi (d’autres personnes, des idées, etc…).
Quelques exemples célèbres existent, comme mère Teresa ou certains survivants de camps de concentration (je pense à Bruno Bettelheim et Viktor Frankl), et peut-être Bill Gates, s’il utilise son argent pour aider des êtres vivants et pas pour laisser son nom dans l’Histoire.

Je dois avouer qu’il est très difficile de savoir si j’agis de manière désintéressée ou pas. Est-ce que j’attends un retour de mes actions ? Est-ce que je cherche à résoudre mes besoins d’appartenance ou d’estime ? Est-ce que je m’aime si peu que j’ai le devoir d’aimer les autres ?
Au cours de ma vie, je ne crois pas que j’ai rencontré quelqu’un à ce niveau.
J’ai croisé beaucoup de personnes qui aspiraient à atteindre ce niveau, mais la grande majorité était des névrosés qui n’étaient pas en paix avec eux-mêmes.
Mon père était l’archétype parfait, c’était quelqu’un porté par sa foi, qui avait de gros problèmes psychologiques (il se dévalorisait sans cesse), mais qui se donnait entièrement aux autres. J’avoue que sa démarche m’a toujours paru extrême, mais je commence à la comprendre.

ERG

Le problème de la pyramide de Maslow est qu’il s’agit d’un modèle théorique qui n’a pas été validé par la pratique.
Certains autres modèles ont essayé de transformer la pyramide pour qu’elle colle mieux à la réalité, par exemple l’ERG d’Alderfer.
Voici comment l’ERG incorpore la pyramide:

  1. Existence: Besoins physiologiques+Besoin de sécurité
  2. Relatedness: relations sociales, Besoin d’appartenance
  3. Growth: développement personnel, Besoin d’estime+Besoin d’accomplissement personnel

Clayton Alderfer explique que si les besoins d’une catégorie ne sont pas atteints, l’individu redouble d’efforts sur les catégories inférieures.
Par exemple, si je n’arrive pas à me réaliser personnellement, je vais m’investir à fond dans les relations sociales.

Conclusion

La pyramide de Maslow est le modèle de motivation le plus populaire, mais il est loin d’être parfait.

Au niveau d’une entreprise, cette pyramide permet de mettre en place un système pour accompagner ses salariés dans leur évolution.

Au niveau management, elle sert surtout à comprendre 2 points:

  1. que toutes les personnes ne sont pas motivées par la même chose
  2. qu’une même personne peut changer de motivation, parce que ses besoins changent avec le temps

A titre individuel, elle sert surtout à déterminer ce que je peux faire une fois que j’ai atteint un « palier ».