La Connaissance de Soi (deuxième partie)


Aujourd’hui, je vais aborder l’ouverture d’esprit, qui est le deuxième niveau de motivation d’être.

L’ouverture d’esprit, c’est la capacité d’accepter la réalité telle qu’elle est, et en l’occurrence, en découvrant nos propres filtres de perception de la réalité.

Je tiens à signaler que ce que j’écris sur ce blog n’est pas un processus psychanalytique, c’est juste un compte-rendu d’expérience, ne cherchez pas à rationaliser !
Attention, je vais être très intime et je vais probablement paraître « original ». Si vous êtes choqué, c’est que certaines choses vous accrochent encore, profitez-en pour faire un examen intérieur.

Le contexte

Depuis tout petit, j’avais développé mon intellect à l’extrême, en abordant le monde de manière mathématique.
Mon intellect s’était développé de manière disproportionnée, c’est à dire en sacrifiant tout le reste: relations humaines (ou plus exactement les autres), mon corps, etc…
A 28 ans, je tournais en rond depuis déjà plusieurs années, à la fois à cause de mon stress chronique et du fait que j’avais fait le tour de ce que je pouvais atteindre de manière logique.
J’ai donc abordé la psychanalyse comme un nouveau challenge intellectuel, pour résoudre mon mal-être.

Très rapidement, j’ai commencé à réaliser que je m’étais fixé des limites inconsciemment, et j’ai fait le douloureux travail de les détruire (je travaille encore dessus).
Je suis allé très loin dans ce travail, et je vais essayer de partager mon expérience.

La peur

Les premières limites qui me sont apparues étaient mes peurs.
J’avais peur des autres, j’avais le vertige, etc…
Beaucoup de gens sont capables d’identifier leurs peurs, mais très peu cherchent à les dépasser.
Dans mon cas, j’ai vite compris qu’il fallait passer le cap de mes peurs.

Pour la peur des autres, j’ai compris qu’il y avait en fait plusieurs peurs:

  • la peur d’être seul face à quelqu’un (c’est à dire l’intimité)
  • la peur du groupe
  • la peur de déplaire

Pour l’intimité, j’ai commencé à parler avec des gens de manière intime (la psychanalyse m’a beaucoup aidé), jusqu’à me sentir dégagé de cette peur.

Pour le groupe, ce fut un long travail. J’ai appris à m’intégrer à des petits groupes, puis j’ai travaillé pour libérer ma parole en public. Il y a 10 ans, j’ai suivi une formation de formateur, où le formateur était un acteur de théâtre et me faisait pratiquer la parole devant un public réduit. Il y a 4 ans, j’ai commencé à pratiquer la parole en public, d’abord dans mon entreprise puis dans les conférences agiles. Dès que je peux pratiquer la parole en public, je le fais afin de m’améliorer.

Pour la peur de déplaire, apprendre à dire non a été une épreuve longue et difficile pour moi, et je suis dégagé de cette peur depuis seulement quelques mois, comme le prouve ce blog où j’expose ce que je suis, sans chercher à plaire.

Pour le vertige, j’en souffrais parce que j’habitais au 26ème étage d’une tour.
J’ai alors décidé de faire du saut à l’élastique. Je me suis lancé d’une hauteur de 60 mètres dans le vide, en écoutant mon corps, ce qui fait que je n’ai pas crié (certains spectateurs ont cru que j’avais fait une crise cardiaque).
J’ai adoré la sensation du vent. Je n’ai plus le vertige depuis.

Le dégoût

Le dégoût, c’est une forme amoindrie de la peur, elle n’est pas autant invalidante.
Je dois avouer qu’il est très difficile de réaliser qu’on peut dépasser le dégoût.
J’avais lu que les moines tibétains devaient manger leurs excréments lors d’une épreuve pour dépasser leur dégoût, mais l’expérience ne me tentait pas trop.
En fait, à l’époque où je travaillais sur le dégoût, je bossais chez Cryo, et il y avait souvent des fêtes bien arrosées, qui ne se terminaient pas glorieusement.
Disons que j’en ai profité pour me débarrasser du dégoût du vomi, ça ne me fait plus rien.

Les blocages

Les blocages sont des processus mentaux qui nous bloquent littéralement.
Le meilleur exemple dont je me souvienne est d’avoir lu un livre de Freud sur la sexualité, et je suis resté bloqué 2 semaines sur une page, je n’arrivais pas à passer à la suivante, j’ignore encore pourquoi.
Beaucoup de personnes ont du mal à accepter le changement, et restent bloquées sur leur façon d’être, totalement inadaptée à leur situation.
Les blocages ont des répercussions psychosomatiques: stress et blocage des vertèbres cervicales.

Les pulsions

Les pulsions, ce sont des désirs qui nous submergent.
Quand j’ai commencé à travailler sur moi, j’ai réalisé à quel point j’avais des pulsions violentes.
Ces pulsions étaient à la fois des pulsions sexuelles (à la fois hétéro et homo) et des pulsions de mort (notamment des envies de suicide).
J’ai compris qu’il ne fallait pas refuser mes pulsions, mais les accepter comme faisant partie de moi et surtout ne pas les réaliser.

Les désirs cachés

Les désirs cachés sont ceux que je veux vraiment, mais que mon mental refuse d’admettre.
Ces désirs se manifestent par des lapsus, des actes manqués, et tout un tas de symptômes qui font qu’ils ne remontent pas à la conscience.
Je vais donner un exemple concret:
supposons que j’ai eu du mal à accepter une décision de mon responsable hiérarchique, mais que je l’ai acceptée en me forçant.
Mon inconscient va essayer de saborder la situation, par exemple en faisant de l’humour noir, ou en n’arrivant pas à réaliser ce que j’ai à faire, etc…

Les désirs cachés sont difficiles à localiser, mais il y a une technique très simple pour s’en débarrasser: être plus honnête et spontané chaque jour.
Tant que je n’ose pas formuler mes vrais désirs, et que j’utilise mon mental pour les réprimer, ces désirs vont prendre de plus en plus d’importance, et peuvent devenir des pulsions si je les réprime suffisamment longtemps.

Les tabous

J’ai été élevé dans la tradition chrétienne, et j’avais un paquet de tabous (il suffit de consulter les 10 commandements).
Les tabous les plus difficiles à accepter sont les tabous d’ordre sexuel.
Chaque être humain contient une part de masculinité et de féminité en lui, et ces parts peuvent varier au cours d’une vie.
Par exemple, quand j’ai commencé à travailler sur moi, ma sexualité n’était pas complètement définie.
Les circonstances ont fait que je suis devenu hétérosexuel, mais j’ai croisé un programmeur de jeux vidéo qui est devenu homosexuel à cause des circonstances. Je me souviens que ce programmeur était venu en jupe avec une perruque à son travail, et j’avais dit qu’il ne fallait pas se moquer de lui, mais j’ai quand même explosé de rire en le voyant.
Enfin, je me souviens avoir croisé un psychanalyste qui était hétéro, mais qui devenait homo quand il avait des problèmes avec sa femme, et je n’ai compris que plus tard qu’il me draguait.

Les croyances

Les croyances, ce sont des pensées limitatives.
Par exemple, tu ne dois pas te curer le nez en public, ou tu ne dois pas dire de gros mots.
Plus insidieusement, le message peut être positif dans certaines circonstances, mais devenir limitatif plus tard: « sois gentil avec les autres », ce qui peut entraîner un comportement rigide de fausse gentillesse remplie de culpabilité.
J’ai déjà abordé l’invalidation dans un article précédent.

Les croyances viennent pratiquement toujours de l’éducation.
J’ai appris à faire comme cela, donc c’est la bonne façon de faire, et il ne faut pas faire autrement.
Curieusement, ceux qui tiennent à leurs croyances échouent inconsciemment quand ils essayent de faire autrement, afin de conforter leurs propres croyances.

Etant autodidacte, j’ai dû faire ma propre éducation, et je vois beaucoup de personnes avec du talent se limiter sans s’en rendre compte.
Ceux qui parviennent à s’en sortir sont capables de se remettre profondément en cause, mais ils sont rares.

Les superstitions

Les superstitions sont des pensées limitatives associées à des évènements vécus.
Par exemple, je mets telle paire de chaussures quand je vais à un rendez-vous important.

La superstition s’installe quand j’essaye d’interpréter les coïncidences.
Les superstitions sont difficiles à éliminer quand elles sont très ancrées, certains rituels en deviennent ridicules.
Les troubles obsessionnels compulsifs sont des superstitions qui ont dégénéré.

Les rêves

J’ai un peu travaillé sur les rêves, en essayant de les noter au moment du réveil, puis en les analysant avec le psy.
Personnellement, je pense que le travail sur les rêves est inutile, mais il permet quand même de détecter certains désirs cachés.

Le Moi

En fait, cette plongée en moi m’a permis de découvrir mon Moi, mon Ego.
Plus je creusais et plus je trouvais mon Moi dans tout ce que je faisais.

Ce Moi apparaît partout, dans des actions qui me semblaient altruistes, dans des choix qui me semblaient désintéressés.
Plus j’avançais en analyse, plus je comprenais que l’analyse ne me permettrait que d’explorer ce Moi de manière systématique, sans pouvoir aller au delà.
Relisez les 3 premiers niveaux de la motivation, et vous verrez que le Moi est le moteur derrière cette motivation: moi, moi, moi, qu’est-ce que je veux faire pour me donner une bonne image de moi ?
Pour savoir ce qui me motive, je dois découvrir mes vrais désirs, pas ceux que j’ai copiés sur les autres ou ceux qui m’offrent une situation confortable mais peu épanouissante.
Mais le plus important n’est pas vraiment de découvrir mes désirs, mais de ne pas être dupe parce que les désirs changent tout le temps.

Au delà du Moi

C’est la dernière partie de cet article, et je vais aborder maintenant tout ce qui n’est pas atteignable par la logique et qui dépasse ce Moi omniprésent.
Comme je l’ai déjà dit, je suis quelqu’un de très rationnel et je déteste la philosophie, mais je crois en la pratique.

Quand j’ai commencé à m’ouvrir aux autres, j’ai essayé d’accumuler un maximum de connaissances.
Le sujet qui m’a le plus intéressé à l’époque était la spiritualité, j’ai donc cherché tout ce qui pouvait m’apporter des connaissances spirituelles, autrement dit j’ai fréquenté un paquet de sectes et lu un grand nombre de livres.
Très franchement, il n’y a pas grand chose de bon à tirer des sectes ni des livres, parce qu’elles se focalisent trop sur la réalité extérieure à nous, alors que ce qui m’intéresse est ma réalité à moi: qu’est-ce que je suis vraiment ?
Si vous croisez quelqu’un qui vous parle d’extraterrestres ou de pouvoirs mystiques (comme l’immortalité, la télépathie, la voyance ou les voyages astraux), fuyez !

Le monde de l’agilité est très similaire aux sectes, par exemple:

  • beaucoup de jargon et de charabia
  • une notion de niveau (initié ou pas)
  • un désir de se conformer à un modèle (et ceux qui suivent le modèle sont justes)
  • la notion d’effort
  • la focalisation sur l’argent
  • l’illusion de la maîtrise par des techniques
  • l’illusion de changer le monde

Je suis surpris qu’on n’utilise pas plus souvent la notion de « gourou agile ».
Heureusement, il y a certaines bonnes choses dans l’agilité: le partage d’expérience et la prise de conscience par la pratique.

L’énergie

Tout l’univers est composé d’énergie qui peut être ressentie et manipulée.
J’ai suivi des cours de magnétisme avec un magnétiseur de chevaux (il faisait du dopage indécelable), et j’ai découvert que j’avais des aptitudes pour cela.
Chez moi, cela se manifeste par des fourmillements tout au long des bras quand je suis en état de relaxation profonde.
Je vais être très franc: c’est rarement utile !
Mais il est intéressant de comprendre que nous disposons de capacités au delà de notre corps et surtout de notre cerveau, j’ai pu le vérifier à la fois avec le magnétisme et la sophrologie.

Les niveaux de conscience

Tout le monde expérimente tous les jours 3 niveaux de conscience: la veille, le rêve et le sommeil profond.
En fait, il y a tout un tas d’autres niveaux. Le plus accessible est celui obtenu par l’auto-hypnose, qui est un état entre la veille et le rêve.
J’ai pratiqué longuement cet état avec la sophrologie caycédienne, et cela m’a été plus profitable que toutes mes années de psychanalyse.
J’ai expérimenté d’autres états sous l’effet de drogues, mais ces états ne sont pas durables, et surtout ils sont dangereux parce qu’ils peuvent entraîner une addiction.

Les vies antérieures

J’ai suivi une séance de remontée dans les vies antérieures, et l’exercice est très facile.
Dans mon cas, j’ai eu le sentiment de connaître la situation et le contexte, c’est troublant.
En croisant d’autres personnes capables de lire les vies antérieures, j’en connais 3 en tout, et non, je n’ai jamais été ni un roi ni une reine.
Personnellement, je pense que chercher à connaître ses vies antérieures est une perte de temps et surtout d’argent.

L’intuition

L’intuition, c’est la compréhension de manière non pensée.
Elle est différente de l’expérience, qui nous fait pressentir les dangers.
Dans mon cas, mon intuition se manifeste spontanément quand j’interagis avec des individus.
L’intuition ne fonctionne pas lorsque j’utilise mes processus intellectuels, par exemple quand je lis ou quand je pense.

L’amour

L’amour, c’est la capacité à s’oublier pour d’autres que soi.
Il n’y a pas de connotation sexuelle dans l’amour, mais il y a une volonté d’aider les autres à se réaliser.
En quelque sorte, ce blog est un acte d’amour non ciblé, j’espère que mon expérience vous sera utile.

Conclusion

Je voulais vous montrer qu’en creusant au fond de nous même, nous avions énormément de parties peu visibles qui ne peuvent pas être décrites simplement avec des mots, mais qui peuvent être découvertes. Découvrir tout cela démolit l’image idéalisée que chacun a de soi-même et nous rend plus proche des autres.

La connaissance de soi passe par le fait d’accepter que ces parties existent en chacun de nous.
Si je suis capable de m’accepter sans complaisance dans mon entièreté, je peux accepter les autres sans les juger.

Dans le dernier niveau de la motivation d’être, je parlerai du bonheur.

La Connaissance de Soi (première partie)


Aujourd’hui, je vais continuer ma série sur la motivation: https://psychologieagile.wordpress.com/category/motivation/

Jusqu’à présent, je vous ai présenté les 3 niveaux de la motivation de faire (je deviens ce que je fais), je vais maintenant présenter le premier des 3 niveaux de la motivation d’être (je deviens ce que je suis).

Note: si vous êtes coach (agile ou non), vous devriez déjà travailler sur ce niveau de motivation, sinon les mécanismes psychologiques doivent vous échapper totalement, mais est-ce que vous vous en préoccupez ? cf les Core Protocols.

Connais-toi toi-même

Tous les gens que je croise connaissent très bien leur travail (et certains informaticiens sont obsessionnels sur ce sujet), mais je suis toujours très surpris à quel point ils se connaissent si peu humainement.

J’ai arrêté de chercher à comprendre comment les autres fonctionnent (ou pensent), parce que l’important est de découvrir comment je fonctionne (et comment je pense).
Plus je comprends comment je fonctionne, plus je comprendrai comment les autres fonctionnent.

Pour ma part, j’ai dû remettre en cause tous mes mécanismes intérieurs afin de découvrir qui j’étais, et cela m’a pris presque 20 ans. Je n’ai pas vraiment eu le choix, parce que j’ai eu une vie très difficile, et c’était la seule façon de survivre.

J’espère que votre vie a été heureuse, et je vais essayer de vous donner des pistes, afin de vous faire gagner quelques années !

Le corps

Connaître son corps, c’est expérimenter avec son corps, être à l’écoute.
J’ai commencé à prendre en compte mon corps à 28 ans, avant j’étais un pur esprit.

Le stress

Une de mes premières découvertes a été le stress physique: une grosse boule au niveau du diaphragme.
Lors de ma première séance de psychanalyse, j’ai totalement relâché mon diaphragme, qui devait être bloqué depuis quelques années déjà.
Cela fait des années que je n’ai plus eu de symptôme de stress (sauf le trac quand je dois parler en public).
Est-ce que vous arrivez à détecter votre niveau de stress dans votre corps ?

L’alimentation

Il y a un an, j’ai découvert mon intolérance à certains aliments: le gluten et le lactose.
Depuis que j’évite ces aliments, j’ai un meilleur « contrôle » de mes émotions, et surtout j’ai probablement gagné 10 ans de vie.
Est-ce que vous sentez que certains aliments vous conviennent mieux que d’autres ?

L’exercice physique modéré

Je vois autour de moi des personnes forcer leur corps, jusqu’à le bousiller, parce qu’il doit se plier à leurs désirs.
Personnellement, j’espère maintenir mon corps en bon état le plus longtemps possible, aussi je le ménage, tout en l’utilisant pour éviter qu’il ne perde sa mobilité.
L’important pour maintenir son corps en bon état est de faire des exercices doux régulièrement, afin de faire travailler les articulations.
Si vous passez comme moi une bonne partie de votre semaine devant un ordinateur, je vous recommande un petit exercice étonnant: faites tourner vos yeux. Vous sentirez à quel point vos yeux ont appris à regarder fixement, oui, ça fait mal !
En plus, le fait de tourner les yeux tout en regardant fera travailler les deux hémisphères de votre cerveau, et améliorera votre capacité à accepter le changement (cf EMDR).

Le sexe

Le sexe m’a permis d’expérimenter mon corps d’une manière totale, mais pour cela j’ai compris qu’il fallait ne pas me focaliser sur moi, mais sur ma partenaire.
Si vous avez des problèmes sexuels, c’est que vous êtes probablement trop centré sur vous-même.

La santé

Personnellement, j’ai une santé plutôt fragile, ce qui fait que j’en prends grand soin.
Mes parents m’ont légué à peu près tout ce qu’il y avait de pourri chez eux, donc je fais attention.
Prendre des excitants (coca, café, clope, drogue, musique violente, antidépresseurs…) la journée, et des calmants (alcool, haschich, etc…) le soir est l’indicateur d’un malaise profond.

Le sommeil

Alors là, je ne peux pas donner de leçon, parce que je me couche tard et je me lève tôt. Il me faudrait 7 heures de sommeil par jour, et je suis loin du compte.
Le manque de sommeil fait que les journées paraissent très longues, surtout quand le travail n’est pas intéressant.

Le comportement

Curieusement, il est très facile pour moi de constater le comportement des gens autour de moi, mais il est très difficile de savoir comment j’agis moi-même.
Voici les techniques que j’utilise sur moi-même.

Je demande aux autres

La technique la plus simple est de demander aux gens autour de moi.
Quand j’ai l’occasion de demander à un groupe de personnes, j’utilise un questionnaire anonyme, afin d’avoir le retour le plus honnête possible, les critiques les plus dures sont souvent les plus intéressantes.

Je repère ce qui me gêne chez les autres

Un excellent moyen de savoir ce qui cloche chez moi est de repérer ce qui accroche chez les autres.
En théorie, si j’étais parfait, je n’aurais aucun conflit.
Donc chaque source de conflit, aussi petite soit-elle, est un révélateur de ce qui ne fonctionne pas chez moi.

Comme j’aime bien me mentir pour m’idéaliser, j’utilise ce que j’appelle des « motifs nobles« , c’est à dire que je suis le chevalier blanc, et je critique les défauts des autres parce que je suis parfait.
Malheureusement, quand je gratte un peu, la réalité est moins glorieuse:

  1. je peux avoir le même défaut (mais je le cache ou je me mens)
  2. je peux souffrir d’une croyance (par exemple, « je dois faire confiance aux autres », ce qui est de l’optimisme aveugle)
  3. je peux être en décalage par rapport à la réalité (par exemple « toutes les femmes sont des salopes, sauf ma mère » ou « je suis le meilleur »)
  4. je peux ne pas agir en accord avec mon système de valeurs: « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ».
    En général, le fait d’avoir un système de valeurs indique une réticence au changement.

J’essaye d’agir différemment

J’aime expliquer que notre personnalité est composée de tout un tas de paramètres que nous pouvons modifier à chaque instant, en fonction des circonstances.
Quand notre vie a été difficile, ou bien notre éducation très rigide, nous avons le plus grand mal à modifier certains paramètres, et cela se manifeste dans le fait que nous agissons toujours de la même manière quelles que soient les circonstances.
Une technique que j’ai découverte est de faire le contraire de ce que je fais d’habitude, par exemple, si j’ai l’habitude de me comporter de manière gentille, je vais essayer de me comporter de manière odieuse pendant un temps donné.
Bien évidemment, cela va m’être difficile, mais cela permettra de valider que je peux changer ce paramètre.
Si quelque chose me paraît impossible, c’est probablement que certains de mes paramètres sont bloqués.
Il est important de ne pas être trop prévisible, ou trop imprévisible.

J’observe passivement mon comportement

De temps en temps, je deviens l’observateur passif de mon propre comportement.
C’est assez difficile à expliquer, aussi j’en reparlerai lors du dernier article sur la motivation.

Les émotions

Notre éducation et la société française actuelle nous obligent à cacher nos émotions négatives dès que nous sommes en public, en particulier au travail.
Bien sûr, nous avons le droit d’exprimer dans une certaine limite notre joie, mais pas nos émotions « négatives ».

Réprimer mes émotions au travail m’avait transformé en individu incapable d’exprimer ma colère ou ma tristesse, et donc obligé de la retourner contre moi-même, ce qui explique probablement mon stress à l’époque.

Maintenant, j’essaye d’exprimer honnêtement mes émotions, dans le respect des autres.

Plus je cherche à retenir mes émotions, plus elles vont s’exprimer de manière violente plus tard.
Plus je peux exprimer mes émotions librement, plus je me sens libre vis-à-vis de mes émotions, et mieux je peux les contrôler.

J’ai le droit de me mettre en colère sans dévaloriser quiconque, sans émettre de jugement de valeur.
J’ai appris à libérer ma colère. Au début, la puissance de cette colère était comme un torrent, mais maintenant, elle est comme un ruisseau.
A titre d’exemple, je me suis mis 3 fois en colère en 10 ans de travail, et à chaque fois, l’attitude des gens vis-à-vis de moi a changé instantanément: ils ont arrêté de me percevoir comme quelqu’un de soumis, ce qui a grandement amélioré mes relations.

J’ai le droit de pleurer publiquement sans me sentir coupable (« ça ne se fait pas »).
Je me suis autorisé à pleurer en public, par exemple quand je pleure tout au long du film « Les Intouchables », j’ignore pourquoi et je m’en fous.

Enfin, j’ai le droit d’exprimer mon désaccord le plus tôt possible, avant que la situation ne devienne intolérable. J’aborderai prochainement la confiance en soi.

Est-ce que vous vous autorisez à exprimer vos émotions sans vous justifier ?

Conclusion

J’ai essayé de vous présenter la partie émergée de notre personnalité, et les points sur lesquels vous devriez travailler.
Etre soi-même, ça s’apprend et ça demande de l’effort.

Dans le prochain article sur la motivation, j’aborderai la partie irrationnelle de ce que nous sommes.

La Programmation Informatique


Aujourd’hui, je vais vous parler de programmation, ou plus exactement, je vais expliquer pourquoi je n’aborde pas la programmation sur ce blog.

Récemment, un journaliste de Pix’n Love m’a demandé d’écrire un article sur mon expérience dans le jeu vidéo.
J’ai été programmeur de jeux vidéos de 1985 à 2003, et j’ai travaillé dans plus d’une dizaine de sociétés. Dans l’article que j’ai écrit, je décris les 28 plus grandes leçons humaines que j’ai retenues, je ferai probablement un post sur ces 28 leçons après la parution du magazine.

Mon histoire personnelle

Quand j’étais petit, je m’ennuyais profondément à l’école. Je n’avais pas de challenge intellectuel intéressant à résoudre (j’étais probablement un enfant surdoué).

A 14 ans, j’ai découvert par hasard les mathématiques. Non, pas à l’école, mais en lisant un livre de Martin Gardner, je crois qu’il s’agit de Jeux Mathématiques. Enfin, j’avais des challenges intéressants à résoudre, des problèmes dont la solution n’était pas connue !

La première conséquence de cette découverte fût que je suis devenu le meilleur de ma classe en mathématiques en moins d’un mois.
La seconde conséquence qui a été importante pour mon futur est que j’avais décidé de devenir mathématicien.
Mais en fait, ce qui m’intéressait dans les mathématiques, c’était l’algèbre, les nombres et les équations. La géométrie et les statistiques m’intéressaient beaucoup moins.

Deux ans plus tard, je me suis acheté une calculatrice TI58C (480 pas de programme, et quelques registres de stockage). Je pouvais enfin résoudre certains des problèmes de manière automatisée: le rêve de tout mathématicien !!!
Je me suis mis ensuite à essayer de dépasser les limites de la calculatrice en poussant l’optimisation au maximum.
Un an plus tard, je me suis acheté mon premier ordinateur: l’Oric 1.
48Ko de RAM, 1Mhz, cela explosait les limites de ma pauvre calculatrice.
Après moult efforts, j’ai appris le Basic et le langage assembleur tout seul, sans documentation, et j’ai à nouveau continué à essayer de dépasser les limites de la machine, en poussant l’optimisation et le hardware toujours plus loin.

Mon intérêt grandissant pour l’informatique allait de pair avec mon désintérêt grandissant pour les études, et à la mort de mon père, le dernier lien qui me poussait à continuer mes études ayant disparu, je me suis lancé à corps perdu dans l’informatique. Personne ne peut imaginer à quel point cette expression « à corps perdu » prend ici tout son sens, je pouvais enfin ne plus me consacrer qu’à mon esprit, mon corps n’existait plus du tout pour moi.

A cette époque, j’avais changé mon objectif de « devenir mathématicien » à « devenir le meilleur programmeur au monde » (il faut toujours viser haut).
Je me souviens que j’avais acheté très cher les 3 volumes de « The Art of Computer Programming » de Donald Knuth, et j’acquérais tout seul les bases algorithmiques.

J’ai programmé 2 jeux avant d’être embauché en 1985 par Titus Software, qui était la pire boîte que j’ai jamais connue, avec un encadrement méprisant les êtres humains. Titus était le parangon du harcèlement moral. Curieusement, cela m’a forcé à réfléchir sur ce qui motivait les gens, et comment travailler harmonieusement en groupe (bien avant qu’on ne parle d’agilité !).
J’ai quitté Titus en 1988, et je vous raconterai plus en détails mes péripéties par la suite.

En 1986, j’ai fait mon premier jeu en C, et 10 ans plus tard, mon premier jeu en C++, avec beaucoup de jeux en assembleur et sur consoles entre les deux.

Au fur et à mesure des années, les jeux demandaient de plus en plus de monde. Au début, j’étais seul (avec un graphiste), puis dans de petites équipes (<20), puis dans des grosses équipes (>40).

Si vous voulez avoir une idée du travail de programmeur dans le jeu vidéo, je vous conseille de lire cet article qui décrit bien la mentalité dans les années 90:
http://www.codeofhonor.com/blog/tough-times-on-the-road-to-starcraft

J’ai arrêté le jeu vidéo en 2003, lors de la 3ème crise du jeu vidéo en France, et après avoir réalisé que j’avais fait le tour en tant que programmeur, parce qu’à l’époque, aider les équipes à s’organiser n’était pas vraiment ma préoccupation.

Je vais dresser quelques constats de toute mon expérience informatique.

L’optimisation des ressources

J’ai programmé des jeux vidéos parce que faire un jeu avec des contraintes est un challenge passionnant. Il fallait à la fois écrire un jeu et faire tenir ce jeu dans les limites de la machine, tout en poussant la machine dans ses derniers retranchements.

Dans l’informatique professionnelle, il n’y a pas du tout ce genre de challenge, à part peut-être dans des sociétés comme Google, où chaque micro-seconde compte. J’ai essuyé des moqueries de mes collègues de travail quand je parle d’optimisation, tellement l’informatique est devenue une sorte de construction de Légo (avec des grosses pièces bien génériques et bien lentes).

Laissez les équipes s’auto-organiser !

Dans le jeu vidéo, les équipes sont assez petites pour être auto-organisées. Les seuls gros échecs que j’ai connus sont quand les équipes deviennent énormes (plus de 10 programmeurs). L’échec n’en est que plus retentissant.
Les meilleures équipes sont composées de programmeurs expérimentés auto-organisés.

En fait, le problème apparaît dès qu’on introduit une hiérarchie, ce qui entraîne un ralentissement de tout le processus de développement. Scrum essaye timidement d’enlever la hiérarchie, mais à force de vouloir plaire à tout le monde, Scrum ne plait plus à personne.
Certaines entreprises ont poussé l’auto-gestion encore plus loin.
Un ami qui travaille à Valve m’a expliqué comment on y travaille: si quelqu’un veut monter un projet, il peut former sa propre équipe en interne.

J’aime beaucoup l’approche du manifeste: http://programming-motherfucker.com/

Le manque de créativité de l’industrie informatique

Malheureusement, les projets informatiques sont de plus en plus construits avec des briques maîtrisées de logiciel, même dans le jeu vidéo.
On essaye de rester dans les limites de ce que l’on sait faire.
Le désir de réduire le risque logiciel à zéro fait qu’il ne reste plus vraiment quelque chose d’intéressant à programmer.
L’agilité fonctionne très bien sur des projets non créatifs, mais que se passe-t-il sur des projets hautement originaux et à risque ?

10000 heures pour devenir un expert

Il faut à peu près 10 ans de travail pour devenir un expert en programmation.
J’adore l’article de Peter Norvig: http://norvig.com/21-days.html

J’ai dû faire mes 10000 heures en 5-6 ans, parce que je ne faisais que ça à l’époque, j’étais un no-life.

Un point qui manque dans l’article est que programmer un projet n’apporte pas énormément de connaissances !
Dans un jeu, il y a assez peu de choses à apprendre.
Il faut vraiment développer sa culture générale informatique pour devenir excellent.
J’ai programmé des dizaines de projets tous différents, afin d’avoir le plus de culture possible. Dans mon cas: un calcul distribué sur Internet, plusieurs concours de programmations, des démos, des algorithmes de compression, des programmes de remplissage de mots croisés, etc…
Plus on fait de choses variées, et plus on est capable de résoudre des problèmes variés.

L’autre point qui manque est que programmer est presque devenu une activité sociale.

La programmation, une activité sociale ?

J’ai grandi avec l’idée que la programmation était une activité solitaire, où chacun faisait sa part du travail.
Cette activité devient sociale lorsque le projet requiert la coordination d’une équipe.
L’agilité essaye d’apporter une réponse au découpage des tâches.
Le pair-programming est d’un grand secours quand un programmeur inexpérimenté doit intégrer un nouveau projet et monter en compétence.
Mais le pair-programming n’est pas une solution quand l’équipe est expérimentée, à moins que le projet ne soit super chiant à programmer.

Introversion, extraversion et ambiversion

J’ai basculé il y a 4 ans de l’introversion à l’ambiversion.

Un introverti est quelqu’un qui est principalement intéressé par sa propre vie mentale. Tous les très bons programmeurs que j’ai croisés sont introvertis.
Un extraverti est quelqu’un qui est plutôt intéressé par les interactions avec les autres, mais il s’ennuie facilement.
Un ambiverti est quelqu’un qui a les 2 traits: il est confortable dans ses interactions avec les autres (comme un extraverti), mais apprécie d’être seul (comme un introverti).
Pour plus de détails, consultez http://en.wikipedia.org/wiki/Extraversion_and_introversion
Des statistiques montrent que 66% des gens sont introvertis, le reste se répartit équitablement entre extravertis et ambivertis.
Mes statistiques personnelles montrent que 100% des programmeurs sont introvertis, et le focus de l’agilité sur les rapports humains les met mal à l’aise.

L’éloge de la qualité

Dans l’article de Norvig, un point important est que le programmeur doit se focaliser sur la qualité, ce qui correspond bien à la démarche agile.
Malheureusement, dans la majorité des projets, la focalisation est sur le résultat, ce qui fait que les gens font n’importe quoi pour que ça tienne. J’ai vu d’innombrables horreurs à la fois techniques et humaines (souvent simultanées, il suffit de passer une nuit blanche sur un programme pour constater le résultat lamentable).
La qualité, ce n’est pas simplement écrire des tests, c’est aussi résoudre des problèmes de manière créative.

Les langages informatiques

Je vois beaucoup de programmeurs essayer d’utiliser toutes les fonctionnalités d’un langage même quand c’est inutile, juste pour flatter leur égo (oui, je faisais ça aussi, j’aimais montrer que je savais faire mieux que les autres !).
Pour moi, tout langage informatique est une langue, et il faut essayer de s’exprimer avec les mots les plus simples possibles.
Je parlerai dans un prochain article de la fascination de la complexité.
Bien évidemment, il faut toujours s’adapter. Je suis passé du Basic à l’assembleur, puis au C, puis au C++, puis au VB.Net et au C#.
J’ai appris à faire des tests unitaires avec NUnit et fonctionnels avec Selenium. J’ai dû me mettre au Perl et à Java récemment.

Le statut du Programmeur Senior

Cela va faire 30 ans que je programme.
Comme je l’ai expliqué précédemment, je suis persuadé que les meilleures équipes sont auto-organisées et sans hiérarchie.
Quelle peut-être l’évolution pour un programmeur dans ces conditions ?
J’avoue que je n’ai pas encore de réponse à cette question.

Conclusion

L’informatique a beaucoup changé en 30 ans.

La performance était obligatoire quand j’ai commencé et a progressivement disparu, au profit de la livraison du projet et d’une dégradation de la qualité du travail et l’augmentation du stress chez les programmeurs.

Nous sommes vraiment dans une culture d’instantanéité: comment résoudre mon problème le plus rapidement possible ?
Comment réduire le Time-to-Market ? Très simplement: en utilisant un langage qui résoudra tous les problèmes auxquels je peux être confronté !

Je pense que j’ai passé plus de 5000 heures à expérimenter la psychologie sur moi-même. La psychologie me semble très proche de la programmation, et son champ d’application est bien plus vaste que l’informatique.
Enfin, la psychologie des informaticiens me semble un domaine passionnant, mais trop limité pour les psychologues, qui ne peuvent pas comprendre la mentalité des informaticiens.

Le Sens de la Vie


Aujourd’hui, je vais vous parler du troisième niveau de motivation, et je vais être moins personnel que d’habitude, parce que je vais vous décrire l’approche de Viktor Frankl.

Pour rappel, le premier niveau est la motivation sur le travail: https://psychologieagile.wordpress.com/2012/03/01/motivation/
Le second niveau est la motivation sur notre évolution personnelle: https://psychologieagile.wordpress.com/2012/07/29/la-pyramide-de-maslow/ (j’avais abordé la transcendance de Frankl)
Le troisième niveau est sur le sens de notre vie, et je présenterai bientôt le quatrième niveau.

Viktor Frankl

Viktor Frankl était un psychiatre autrichien qui avait étudié la psychanalyse.
Pour plus d’informations, je vous conseille de consulter les pages Wikipedia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Viktor_Frankl
http://en.wikipedia.org/wiki/Viktor_Frankl

Les camps de concentration

En 1942, il a été déporté dans un camp de concentration, et il a réussi à survivre à 3 années dans divers camps de concentration.
Il a fait part de son expérience dans le livre « Man’s Search for Meaning« , qui est un livre magnifique, et me rappelle par certains points l’histoire de Bruno Bettelheim dans « Le Coeur Conscient« .

Il faut savoir qu’une seule personne sur 28 a survécu aux camps de concentration.
Viktor explique dans son livre que toutes les névroses disparaissent très rapidement quand on doit survivre (par exemple, le désir sexuel disparaît ou alors si quelqu’un avait le sommeil léger avant d’entrer dans le camp, il peut dormir sans aucun désagrément à côté de quelqu’un qui ronfle).
Mais le plus intéressant dans son livre est: qu’est-ce qui fait que l’on survit dans de telles conditions ?
Parce que la nourriture est insuffisante, les brimades constantes, il n’y a aucun plaisir dans le quotidien des prisonniers, et la mort est omniprésente.
Un élément important de son livre sont les cigarettes. Pour un prisonnier, une cigarette, c’est le moyen de payer pour un repas de plus (chaque prisonnier a droit à un litre de soupe par jour, avec plutôt peu d’éléments solides, et 500 grammes de pain). Donc posséder des cigarettes est un moyen de survie.

Le premier point important que l’auteur mentionne est que certains prisonniers se laissaient mourir:

  1. ceux qui décident de ne plus se lever pour aller travailler et qui commencent à fumer leurs cigarettes décèdent très rapidement. Ils cédaient à leur désir de ne plus avoir une vie pénible.
  2. les optimistes, qui croient qu’ils vont être libérés dans un futur proche. A ce propos, il explique qu’il y avait énormément de décès juste après Noël, parce que certains prisonniers avaient la pensée magique de revoir leur famille pour Noël.

Comment survivre ?

Comment Viktor a-t-il pu survivre alors que tant de monde mourrait ?
Comment survivre quand il n’y a que de la souffrance ?
En fait, il explique qu’il a survécu grâce à deux choses:

  1. sa femme: il a idéalisé sa femme et lui parlait intérieurement, mais il ne savait pas si elle était vivante ou morte (en fait elle est morte rapidement)
  2. son manuscrit: avant d’entrer dans le camp de concentration, il avait commencé un manuscrit qu’il comptait publier, mais il a dû le jeter ainsi que toutes ses affaires à son arrivée. Il explique que son manuscrit l’a aidé à tenir, parce qu’il voulait le réécrire pour le publier.

Viktor explique que les gens qui perdaient la foi dans le futur mouraient, en déclinant mentalement et physiquement.
Je pense aussi qu’il disposait d’une qualité que peu de gens ont: accepter la réalité telle qu’elle est, et pas telle qu’il voudrait qu’elle soit.
Bruno Bettelheim explique que certains prisonniers se demandaient toujours « pourquoi est-ce que je suis ici ? pourquoi ça m’arrive à moi ?« , et ils vivaient très mal la situation au lieu de l’accepter.

La dignité humaine

Un autre message important de son livre est sur la dignité humaine.
Certains prisonniers étaient encore plus cruels envers leurs compagnons d’infortune que certains geôliers.
Certains geôliers agissaient humainement, par exemple en donnant de la nourriture ou en évitant d’être cruels.
Viktor explique qu’il a vu des gens mourir de manière admirable, en toute dignité.

La logothérapie

Après sa libération, il a inventé la première thérapie existentielle: la logothérapie.
La logothérapie n’est pas une thérapie par la parole, mais par la recherche du sens de la vie.
C’est une thérapie brève peu connue en France, non ce n’est pas du coaching personnel.

L’anecdote suivante m’a beaucoup touché:
A un docteur qui lui demandait comment résumer en une seule phrase la logothérapie, Viktor lui a demandé comment résumer la psychanalyse:
« pendant une psychanalyse, le patient doit s’allonger sur un divan et dire des choses qui sont parfois très désagréables à dire »
Viktor répondit:
« dans la logothérapie, le patient doit rester assis mais il doit écouter des choses qui sont parfois très désagréables à entendre »

Je vous conseille de regarder cette vidéo, qui aborde notamment les concepts d’hyper-intention et de transformation de l’individu:

Le sens de la vie

J’aimerais vous faire comprendre que la vie n’a pas de sens.
C’est vous qui donnez du sens à votre vie, ce sens ne vient pas de quelque chose d’extérieur à vous: c’est vous qui décidez.

Ensuite, le sens de la vie change tout le temps.
Par exemple, si le sens de ma vie est d’avoir des enfants, et qu’ils sont nés, je suis bien obligé de changer le sens de ma vie.
Ou alors si je ne peux pas avoir d’enfant, je dois trouver un autre sens de ma vie…

Si vous n’avez pas de sens à votre vie, vous devez vous sentir vide, incomplet, même si vous avez beaucoup d’argent.
Souvent, ceux qui ne trouvent pas de sens dans leur vie rentrent en dépression.

Comment donner du sens à sa vie ?

Viktor explique qu’il a demandé à 7948 étudiants ce qu’il y avait de plus important pour eux, 16% ont répondu « gagner beaucoup d’argent », et 78% « trouver un but et du sens à ma vie ».
Gagner de l’argent ne donne pas du sens à la vie !
Il explique aussi que 90% des alcooliques et 100% des drogués n’ont pas de sens dans leur vie !

Viktor a trouvé 3 façons de donner du sens à votre vie:

  1. en créant une oeuvre ou en faisant une bonne action. Viktor explique que si vous n’avez pas de sens dans votre vie, donnez votre temps à une organisation caritative, vous aurez du sens immédiatement (mais pas d’argent).
  2. en faisant l’expérience de quelque chose ou en rencontrant quelqu’un. Viktor suggère l’expérience de la bonté, de la vérité ou de la beauté (par exemple la nature ou la culture). Pour la rencontre de l’autre, il explique qu’il faut expérimenter la rencontre de l’autre dans son unicité, en l’aimant (sans connotation sexuelle). L’amour humain, c’est la découverte de l’autre, afin de l’aider à devenir ce qu’il peut devenir.
  3. par notre attitude envers la souffrance inévitable. La souffrance peut nous faire grandir, notamment quand la mort est proche, relisez https://psychologieagile.wordpress.com/2012/01/15/regrets-eternels/ Comment transformer une tragédie personnelle en triomphe, sans souffrir de manière inutile ?

Il est facile de trouver du sens quand tout va bien, mais c’est beaucoup plus difficile quand tout va mal.
Par exemple, si vous êtes parent et que vos enfants meurent, comment trouver du sens à cette expérience ? Comparer sa souffrance aux autres ne sert à rien dans ce genre de situation. Notez que je ne parle pas de foi, n’étant pas croyant.

Pour plus d’informations sur la logothérapie, je vous conseille cet excellent article:
http://www.unanpourtoutchanger.com/2010/01/14/decouvrir-un-sens-a-sa-vie-dr-viktor-e-frankl/
La page Wikipedia anglaise décrit un peu la logothérapie:
http://en.wikipedia.org/wiki/Logotherapy

Conclusion

J’ai essayé de vous présenter l’importance de chercher du sens dans sa propre vie.
Pour ma part, j’ai eu beaucoup de mal à trouver du sens dans ma vie après avoir arrêté le jeu vidéo en 2003, parce que le jeu vidéo représentait 18 années de ma vie.
Aucune des psychothérapies que j’ai suivies n’a apporté de réponse à ce niveau-là, parce qu’elles se concentrent sur les problèmes plutôt que les objectifs de vie. J’ai eu toutes mes réponses en 2008, parce que ma vie a beaucoup changé cette année-là.

Si vous êtes en recherche de sens dans votre vie, je vous propose l’exercice suivant:
imaginez que vous venez de mourir et écrivez tous les points qui font que votre vie valait la peine d’être vécue, et ensuite tout ce qui fait que votre vie vaut la peine d’être vécue en ce moment même
Par pitié, ne mettez pas: « je gagne beaucoup d’argent », dites plutôt ce que vous faites de cet argent.

Je vous déconseille bien évidemment de quitter votre travail pour suivre vos rêves, parce que cela a toutes les chances d’échouer.

Vous pouvez trouver du sens en dehors de votre travail à la condition que votre travail n’occupe pas toute votre vie.
Je me souviens de cet article récent: http://it-jobs.fins.com/Articles/SBB0001424052702303404704577309493661513690/How-Google-s-Marissa-Mayer-Manages-Burnout où Marissa Mayer a travaillé 130 heures par semaine pendant 5 ans (il y a 168 heures dans une semaine). J’imagine que son travail donnait du sens à sa vie, mais elle n’a pas l’air de l’avoir compris.

Enfin, posez-vous la question:

qu’est-ce qui donne du sens à ma vie et que puis-je faire pour qu’elle ait plus de sens ?